KICKSTART + BOOBS + AZILYS + KAT

Depuis sa sortie de l'hôpital quelques jours plus tôt, Azilys avait prit ses quartiers chez Drake. Elle devait bien admette qu'elle ne s'y sentait pas vraiment « chez elle », ni même totalement à l'aise. L'appartement était immense, elle avait l'impression de s'être installée dans l'appartement témoin d'un magasine de décoration. Elle osait à peine y évoluer tellement elle craignait de casser quelque chose de précieux ou de brûler quelque chose.

Le pire, était quand elle y restait seule. Les médecins l'avaient laissée sortir avec un arrêt maladie d'une quinzaine de jour, exigeant pour le bien du bébé qu'elle se repose après ses blessures, même s'ils se demandaient encore comment ses mains brûlées avaient pu guérir en quelques heures. Même si Drake se comportait un peu en mère poule avec elle, fidèle à sa promesse de veiller sur elle et sur eux, il avait quand même des obligations professionnelles à assumer. Dans ses moments-là, il arrivait toujours un moment où elle se trouvait déplacée dans cet univers luxueux. Heureusement, Trésor et Cerbère lui tenaient compagnie. Le chat adorait se lover sur son ventre en ronronnant, l'air extatique quand elle s'allongeait sur le canapé avec un livre. Cerbère s'installer sur le tapis dans une attitude de sphinx.

Et quand l'inconfort devenait trop prenant, elle regagnait son petit appartement pour quelques heures. Drake avait tenu sa promesse, un portail avait été créé dans un des placards au fond du couloir donnant directement dans la chambre de son petit appartement, lui permettant de faire des allers-retours instantanés entre chez elle et chez lui.

Au bout de quelques jours, elle avait fini par trouver ses marques, commençant même à penser à l'appartement comme à « chez nous ».

Ce jour-là, elle avait dû se lever tôt. Elle devait reprendre le boulot, mais surtout, avant elle avait un rendez-vous. Un rendez-vous qu'elle aurait voulu refuser.

La secrétaire de Drake l'avait « invitée » avec insistance à prendre un verre. A 7 heures du matin. Elle avait envisagé de refuser, avant de se rappeler que la jeune femme était du genre « envahissante ». Elle savait que si elle refusait, elle la harcèlerait de messages jusqu'à ce qu'elle cède. Même si elle ne la connaissait pas personnellement, ne l'ayant aperçu qu'une seule fois, à la fenêtre de son bureau, le jour de leur départ pour Long Island, Drake lui avait parlé d'elle.

Azilys s'était dit que le mieux à faire était encore d'accepter cette invitation. Elle savait qu'elle ne lui voulait pas de mal, même si elle pensait que Mlle Knigth était un peu jalouse d'elle et de sa relation avec Drake.

Quoiqu'il en soit, en se réveillant aux aurores de matin-là, après une nuit agité de cauchemars et de câlins, elle n'était pas vraiment dans des dispositions vraiment favorables. Elle s'était extrait du lit en ronchonnant, avait engueulé Trésor sur qui elle avait trébuché en allant se préparer un café dans la cuisine. Elle avait même arraché à un sourire à Drake, déjà debout, ou pas encore couché probablement, qui avait assisté à la scène un mug à la main, debout au milieu de la cuisine.

Elle l'avait détesté. Il était élégant, comme d'habitude, soigné, alors qu'elle, à cet instant, avec sa tignasse de feu emmélé, ses yeux encore ensommeillés et son teint pâle, elle ressemblait à un vampire mal ambouché. Il s'était étonné de la voir déjà debout, elle lui avait rappelé qu'elle reprenait le boulot ce jour-là, et expliqué qu'elle devait rencontrer sa secrétaire dans un bar underground avant. S'il s'en était étonné, elle ne l'avait pas vu, prise de nausée qui l'avait obligée à piquer un sprint dans le couloir.

Le lieu du rendez-vous n'avait pas eu de quoi améliorer ses humeurs. Le salon de thé en lui même n'était pas si mal, mais enterré au fond d'une allée souterraine, et Lys depuis son passage dans la résistance n'aimait pas vraiment les lieux en sous-sol, et puis, elle trouvait que l'ambiance musicale ne correspondait pas vraiment à ce qu'on aurait pu attendre d'un lieu de ce genre. Elle s'était plutôt attendu à une musique sirupeuse, correspondant plus à l'ambiance feutrée qu'à du hard rock acoustique.

Elle comprit pourquoi quand elle entra dans la salle, découvrant une Desdemona en pyjama de satin noir, offrant un récital à un serveur dépité. Elle regretta d'avoir accepté cette rencontre.

*Mais qu'est-ce que je fous là ? Pourquoi ai-je accepté ce rendez-vous?!* se demanda Azilys en regardant la jeune assistante de Drake s'avancer vers elle après s'être faite sortir de la scène avec son pyjama en satin et ses grosses godasses laissant une trainée de saleté derrière elle.

Elle remercia distraitement Desdemona quand elle lui tira une chaise à la façon d'un gentleman avant de jeter un coup d’œil autour d'elle. L'endroit était à l'image de la jeune femme, étrange. Le serveur semblait un peu blasé, occupé derrière le bar à trier des documents sous le regard d'une vieille femme et de ses chats empaillés. *Qu'est-ce que je fous là?!*

Desdémona s'installa à son tour et sorti une cigarette du blouson qui pendait à sa chaise, semblant se moquer totalement de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, et de la dangerosité du tabagisme pour son enfant.

« C'est le moins qu'on puisse dire. » répondit Azilys en refusant d'un geste distrait le Wisky que la jeune femme lui proposait. Même si elle n'avait pas été enceinte, prendre le petit-déjeuner accompagné de ce genre de boisson n'était pas dans ses habitudes.

Desdémona se lança, expliquant en vrac qu'elle était amoureuse de Drake depuis longtemps, et qu'elle avait du mal à supporter de le voir avec une autre femme. Le moins qu'on pouvait dire, c'était qu'effectivement elle n'y allait pas par quatre chemins, et qu'elle ne mâchait pas ses mots, mais si l'infirmière était un peu surprise par la forme, elle ne l'était pas par le fond. Drake lui avait parlé de son assistante au comportement un peu particulier.

La blondinette leva un doigt pour interrompre une intervention que Lys n'avait mêm pas envisagée, attendant la suite.

Elle fut un peu agacée des critiques de la jeune femme concernant leur rupture. C'était facile de lui reprocher cette rupture, elle n'était pas à sa place, mais elle préféra ne pas argumenter. Ce qui s'était passé entre elle et Drake ne regardait qu'eux. Elle eut toutefois un petit pincement au cœur d'apprendre que Drake avait été aussi éprouvé par leur rupture, mais ne put retenir une petite moue contrariée. Elle s'imaginait quoi la petite secrétaire ? Que pour elle ça avait été facile ? Qu'elle n'avait pas eut l'impression qu'on lui arrachait le cœur ? Elle aussi avait vécu ce vide, ce froid, cette impression que plus jamais elle ne serait heureuse.

Lys sursauta un peu quand Dez tapa du poing sur la table, amenant sur elles le regard des rares personnes présentes dans le bar. Elle se sentait vraiment mal à l'aise, ici avec cette jeune femme un peu dérangée.

Aussi vite qu'elle s'était enflammée, elle se calma, ressemblant soudain à ce qu'elle était au fond : Une petite fille triste. Lys avait l'impression d'avoir été embarquée par une tornade de mots décousus, elle eut besoin de prendre un peu de temps pour remettre un peu d'ordre dans ses pensées. Elle prit le mug de café à coté d'elle, et le renifla discrètement cherchant à y déceler une odeur particulière, avant de le gouter.

Elle ne s'inquiétait pas vraiment, même si Dez était totalement barrée, elle ne l'imaginait pas essayer de l'empoisonner, surtout vu ce qu'elle venait de lui dire. Mais, elle l'imaginait assez bien vouloir « améliorer » le café, et puis de toute façon, depuis qu'elle était enceinte, le café était devenu un peu problématique pour la jeune femme. Elle l'aimait toujours, même si elle savait que ce n'était pas forcément très bon dans son état. Elle avait réduit sa consommation journalière. Mais, parfois, rien que l'odeur lui soulevait le cœur. Cette fois, ce ne fut pas le cas. Le café était bon.

Reposant sa tasse, elle releva les yeux vers son interlocutrice.

« Si j'ai bien compris, je suis là, parce que tu crains que je ne fasse du mal à Drake ? » résuma-t-elle avec un petit sourire. « Je te rassure, ça n'arrivera pas. Même si je considère que ça ne te concerne pas, je vais quand même t'expliquer. Notre relation à été rapide. Peut être un peu trop. Nous avons quelque peu brulé les étapes, et forcément, nous avons eu besoin de faire quelques réajustements. »

Elle sourit, pencha un peu la tête sur le coté avant de reprendre.

« Je vais faire ma vieille conne, puisque de toute façon, c'est le cas, je pourrais quasiment être ta mère. Tu es très jeune, et passionnée. Tu comprendras quand tu sera plus grande que l'amour, même le plus fort exige des efforts. Tu peux aimer quelqu'un de tout ton cœur, de toute ton âme. Savoir que c'est ta moitié d'orange, ton âme sœur, et avoir quand même quelques difficulté à vivre avec. Surtout dans le cas d'une personnalité un peu emportée avec une histoire compliquée. Mais si c'est ce qui t'inquiète, sache que nous avons réglés nos divergences. »

Si Azilys avait eu la faiblesse de penser que malgré ses problèmes mentaux, elle pouvait faire entendre raison à l'assistante de Drake, elle comprit rapidement qu'elle s'était plantée dans les grandes largeurs.

La jeune femme commença à monter dans les tours, attirant sur elles l'attention du serveur derrière son bar, et de la vieille femme aux chats empaillés. La situation était plus que gênante pour la jeune femme. Mais peu à peu, elle sentit la colère enfler en elle et prendre le pas sur la gêne. Elle se prenait pour qui cette gamine ?!

Azilys perdit le fil des élucubrations de son interlocutrice quand une légère odeur de tissu brûlé lui chatouilla les narines. Elle baissa les yeux vers la table et réalisa avec horreur que quelques flammèches discrètes mais agressives dansaient sur la nappe autour de la main qu'elle y avait posé.

Il y avait déjà quelque temps qu'elle avait remarqué des phénomènes de ce genre, depuis qu'elle était enceinte, elle avait l'impression qu'un nouveau pouvoir lui était venu, un pouvoir qui l'inquiétait bien plus que n'avait pu le faire sa télékinésie. Au moins, avec elle, le pire qu'elle pouvait faire était d'envoyer des objets à la tête des gens quand elle en perdait le contrôle, mais là, la pyrokinésie, c'était différent, elle pouvait vraiment blesser quelqu'un. Jusque-là, les manifestations étaient restées plutôt discrètes. C'était la première fois qu'il était aussi fort. Elle savait que c'était sa peur et sa colère qui alimentaient les flammes, il fallait qu'elle se calme, sinon elle allait vraiment faire cramer cet endroit.

Elle fixa son regard sur les flammèches et s'efforça de faire le vide dans son esprit ignorant les vociférations de Dez, même si ça devenait difficile de l'ignorer. Petit à petit, elle vit les flammes se replier sous ses doigts pour disparaître. La sensation de chaleur s'atténuait lorsqu'un éclair de lumière d'une violence inouï la fit sursauter, elle porta sa main à ses yeux pour se protéger.

Le temps de reprendre ses esprits, elle était seule à la table, là où s'était tenu sa main avant qu'elle ne l'utilise pour protéger ses yeux, on pouvait voir une empreinte calcinée qui avait traversé le tissu de la nappe et marqué le bois de la table.

Un regard vers le bar vers le serveur et la vieille dame désorientés l'incita à ne pas traîner dans le coin. Elle ne doutait pas que le responsable de l'établissement veuille lui demander des comptes pour le dérangement occasionné, et là, elle n'avait vraiment, mais alors vraiment pas besoin de se faire crier dessus une fois de plus... et cet endroit non plus. Dans l'état d'agacement où elle se trouvait, elle savait qu'elle pourrait cramer tout le monde sans le vouloir à la moindre contrariété.

Profitant qu'ils soient encore aveuglés par la lumière, elle abandonna un billet sur la table pour payer les consommations et sorti rapidement du salon de thé.

Quoi qu'il en soit, il allait falloir qu'elle discute sérieusement avec Drake. Il était hors de question qu'elle vive dans la peur à cause des sentiments déplacés que son assistante leur portait. Il était hors de question qu'elle prenne le moindre risque pour le bébé. Elle en était à se dire que cette folle-dingue pourrait envisager de s'en prendre à lui. Une nouvelle bouffée de colère l'envahie. Elle sortit son téléphone et envoya un sms rageur à son homme.

sms1

Elle réfléchit un instant avant d'en renvoyer un second.

Sms2